A Montluc, une remise de prix très solennelle

L’ambiance était solennelle, vendredi dernier dans l’ancienne prison de Montluc. Pour la première fois, les prix résistance et Liberté y étaient décernés, récompensant « des créations ou des actions artistiques dans l’esprit des concepts de résistance et de liberté ».

 

Foule grave et froid glacial

Initié par Jean-François Carrenco, ancien préfet du Rhône, et l’ancien procureur général Jean-Olivier Viout, l’événement avait attiré du monde. Aux premiers rangs de l’étroit couloir bordé de cellules figuraient notamment le préfet Stéphane Bouillon, le député Jean-Louis Touraine, le cardinal Barbarin, les sénateurs Gilbert-Luc Devinaz et François-Noël Buffet.

Dans l’austère bâtiment, le froid est chez lui et la lumière, parcimonieuse. Les choeurs de la Maîtrise de l’opéra, qui reprennent le Chant des partisans ou Bella Ciao, bénéficient de l’acoustique particulière du lieu et ajoutent à l’atmosphère pesante.

 

« L’insurrection doit être l’état permanent de la République. »

Quelques discours s’enchainent, plus ou moins lyriques, plus ou moins longs, tous lourds de mémoire. Et improvisent une curieuse parenthèse dans laquelle tous ces représentants de l’Etat et du droit, garants du respect des lois, s’improvisent subitement subversifs. Jean-François Carrenco débute, affirmant notamment qu’il n’est « jamais trop tard pour être libre, jamais trop tard pour penser. » Avant de se montrer moins rigide que son ancienne fonction de préfet n’aurait pu le laisser penser : « Je vais prononcer ces mots du marquis de Sade que je n’aurais sans doute pas pu dire il y a quelques temps : « l’insurrection doit être l’état permanent de la République. »  » Sourires et applaudissements, avant que Georges Képénékian ne prenne la parole à son tour.

 

Faire vivre le souvenir

Le maire de Lyon, le ton grave, attire l’attention sur les « endroits comme celui-ci où les ombres sont plus épaisses, où le silence est plus lourd, où nos pas résonnent plus loin. La mémoire s’accroche mieux aux lieux qu’aux dates. »

Enfin, les prix sont finalement remis, offrant une dotation de 5000 euros à Zohra, un orchestre de filles de Kaboul, et à Frédéric Gros, auteur du livre Désobéir. Dans son discours, ce dernier tient à adresser un message fort : « je crois que ce à quoi il faut résister c’est à la tentation d’obéir, et au confort du conformisme. »

Après un ultime mot du préfet Stéphane Bouillon, cette petite heure dédiée à la mémoire pouvait se terminer, avec le sentiment un peu plus concret de ce à quoi ressemblent l’horreur et la persécution.

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