Annulation des élections à l’Université de Lyon : « Une gestion de l’entre-soi »

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Sketch sans intérêt pour certains, affaire pressante pour d’autres : les jugements rendus successivement par le tribunal administratif et la cour administrative d’appel pourraient déstabiliser la présidence de l’Université de Lyon.

La Communauté d’université et d’établissement (COMUE), « site d’excellence à vocation mondiale », qui réunit les établissements d’enseignement supérieur de Lyon sous une même bannière, est en effet dans le viseur de Claude Danthony depuis plusieurs années.

 

Trois ans de procédure

Ce professeur de mathématiques à l’ENS Lyon défend bec et ongles sa théorie : la gouvernance de l’Université de Lyon serait anti-démocratique. Pour le prouver, il a engagé une procédure d’annulation de l’élection du conseil administratif tenue à l’été 2015.

Les accusations de l’enseignant ont été jugées fondées par le tribunal administratif en décembre 2015 d’abord, puis une deuxième fois en appel par un jugement du 12 juillet 2018, il y a tout juste un mois. Ces décisions annulent la composition des conseils de l’Université, lesquels ont élu le président de la COMUE, Khaled Bouabdallah.

Pas de doute, donc : pour Claude Danthony, ces péripéties judiciaires remettent en question le mandat de Khaled Bouabdallah : « Imagine-t-on l’élection des deux tiers d’un conseil municipal annulées, mais le maire rester en fonction ? », commente l’opposant à la présidence de l’Université sur son compte Twitter d’où il a aussi interpellé le ministère afin qu’elle tranche, alors que la rentrée universitaire doit avoir lieu lundi prochain.

 

Une « anecdote » symbolique 

Quelle est la signification profonde de cette décision de justice ? Pour le collectif IDEXIT, opposé au projet de superstructure universitaire lyonnaise qui doit être mis en place d’ici 2020, cette affaire est « anecdotique ».

« Cela concerne une seule élection. Il y en aura d’autres », nous confie un membre du groupe avant d’ajouter : « Mais le jugement révèle un fonctionnement qui est à l’œuvre depuis longtemps, un système électoral délirant qui détache le conseil d’administration des étudiants et personnels. » 

En effet, le conseil d’administration de la COMUE est élu par des grands électeurs issus des conseils de chaque établissement membre. « C’est un scrutin doublement indirect que la justice a annulé par le passé pour d’autres motifs. » 

Le duel entre Claude Danthony et l’Université de Lyon serait un symbole et un avertissement à en croire le collectif : « La confiance des étudiants et personnels s’effrite. Cette affaire est caractéristique d’une gestion de l’entre-soi. Alors que l’Université subit des mutations extrêmement importantes, nous pouvions attendre plus de transparence. »

 

Silence du ministère

Labellisée IDEX – gage d’excellence universitaire – en 2017, la COMUE doit muter pour devenir une seule entité à visibilité internationale d’ici 2020. Une vaine promesse si la présidence continue sur cette voie : « Comment peut-on gérer un mastodonte de 100 000 étudiants si on ne sait pas gérer une COMUE ? », s’interrogent les opposants au projet de grande université.

« Il est temps que la tutelle reprenne la main », plaident-ils alors que Frédérique Vidalministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovationreste silencieuse sur le sujet.

Dans la tempête, l’Université de Lyon ne réagit pas officiellement, mais Khaled Bouabdallah, par ailleurs vice-président de la conférence des présidents d’université, n’a pas hésité à se défendre sur Twitter comme pour rappeler que le navire a encore un capitaine.

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