Ces élus lyonnais accusés de russophilie pour avoir commenté l’affaire Benalla

Après les comptes bloqués car suspectés d’être des machines, la communauté Twitter s’agite de nouveau. La semaine dernière, l’ONG EU DisinfoLab lançait une alerte : l’émoi suscité par l’affaire Benalla – du nom de ce conseiller du président Macron accusé d’avoir frappé des manifestants en marge du 1er mai – aurait été monté en épingle par l’activité prodigieuse d’une poignée de comptes Twitter.

La quantité impressionnante de commentaires déversés sur le réseau aurait alerté l’ONG : « Du 19 juillet et le 3 août, plus de 4,5 millions de tweets en français ont été échangés sur ce sujet par plus de 247 701 auteurs différents », précise-t-elle.

Les auteurs découvrent alors que 1 % des comptes ont publié 47 % des tweets. Suspectant parmi eux la présence de comptes automatisés – dits « bots » -, l’ONG mène l’enquête.

Désinformation et russophilie

Les esprits se sont échauffés mercredi matin lorsque sont tombés les résultats précis de l’étude : statistiques, analyses et interprétations, accompagnés d’une liste de 55 000 comptes ayant commenté l’affaire, le jeu de données qui a servi de base à l’enquête.

Ces 55 000 comptes sont classés en plusieurs catégories : « Des personnes militantes qui publient énormément, ceci sans le moindre but de désinformation » côtoient des proches de « l’écosystème autour de Russia Today et Sputnik  », personnes que l’ONG qualifie un peu rapidement de « russophiles ».

Or, parmi eux, certains ont commenté l’affaire 7 fois, au plus, sur toute la période étudiée et ne peuvent pas être soupçonnés d’une quelconque « russophilie ». Le procédé, jugé illégal, a fait réagir Eliott Aubin, élu France Insoumise du 1er arrondissement de Lyon, qui interpelle la CNIL, l’autorité indépendante chargée de garantir le respect des droits individuels sur la toile :

https://twitter.com/ElliottAubin/status/1027307688353562624

Faisant face à une vague de réactions indignées, l’ONG plaide quant à elle la volonté de transparence et affirme que seuls les comptes « très actifs pendant l’affaire Benalla » figurent dans la liste.

Pourtant, les comptes d’élus lyonnais de tous bords comme Christophe Boudot (RN), Anne Lorne et Laurent Wauquiez (LR), Jean-François Debat (PS), Pierre Hémon (EELV), ou encore celui du référent LREM de la Loire Jean Louis Gagnaire, ont tous posté moins de cent tweets en deux semaines. Même chose pour plusieurs médias locaux dont Salade Lyonnaise et ses huit petits tweets.

« Trois profils suspicieux » sur 5,5 millions de comptes

La méthodologie de l’étude est également ciblée. La première liste a ensuite été réduite pour conserver les comptes ayant publié « au moins 1 000 tweets » sur la période, soit plus de 60 tweets par jour.

Une activité soutenue, mais pas improbable, qui concerne donc « 445 acteurs  » que l’ONG décide de classer par appartenance politique pour en analyser l’activité. À ce titre, la France Insoumise, par exemple, n’est pas jugée « désinformante  » car ses militants auraient moins tendance à propager des rumeurs que d’autres.

Au final, les comptes jugés « russophiles » représentent quelques 900 comptes (27 % des comptes des 1 % de comptes « hyperactifs »). Quant aux fameux « bots », il se font rares. L’ONG admet elle-même avoir identifié seulement « trois profils suspicieux » dont elle n’est pas en mesure d’affirmer l’automatisation. Et ce donc sur 55 000 comptes, ne représentant que 1 % des quelques 5,5 millions de personnes ayant évoqué l’affaire sur le réseau social.

Emballement récurrent sur Twitter

Certes « une infime partie des utilisateurs (1,34%) a produit presque la moitié (47 %) du volume total de conversation », mais n’est-ce pas un phénomène récurrent sur Twitter, réseau social fréquenté par quelques 10 millions de Français (contre 33 millions sur Facebook) ?

L’affaire Benalla a été avidement commentée par les militants politiques sur Twitter, bien sûr. Mais l’enquête ne dit rien des réactions qui ont parsemé les conversations de milliers d’autres personnes, pas nécessairement encartées, en dehors des réseaux sociaux.

D’ailleurs, l’ONG se défend de chercher à minimiser l’affaire. « Même en enlevant la part des hyperactifs, le volume (de tweets, ndlr) reste incommensurable par rapport aux phénomènes similaires observés antérieurement », est-il rappelé en fin d’étude.

A lire également dans cette rubrique

13 mars 2024

Villeurbanne. David Lisnard en réunion publique aux Puces du Canal le 18 mars

En déplacement à Caluire-et-Cuire lundi 18 mars en tant que président de l’Association des maires de France (AMF) à l’invitation de l’AMF 69, le maire LR de Cannes David Lisnard en profite pour organiser une réunion publique le soir même (19 heures) aux Puces du Canal à Villeurbanne. Lire aussi sur Tribune de Lyon : Lyon.…