Délinquance : les habitants du Tonkin haussent le ton

“Les résidents du quartier sont considérés comme des citoyens de seconde zone, qui se sentent exaspérés, ignorés, et exclus du vivre ensemble. On est juste bons à payer des taxes. Malgré les différentes commissions qui se sont réunies, le problème n’a pas été pris en compte avec le sérieux qu’exige cette situation préoccupante”.

Les membres de l’association villeurbannaise des locataires des terrasses du Tonkin (ALTT) ont pu prendre la parole lors du conseil municipal de lundi, au bénéfice d’une interruption de séance consentie au moment de voter les subventions aux acteurs de la Politique de la Ville, dont fait partie l’ALTT.

 

“Nous ne voulons pas évoluer vers une favela”

Les problèmes de sécurité au Tonkin sont loin d’être un problème nouveau, mais les habitants et acteurs du quartier ont atteint un seuil d’exaspération : six voitures brulées en février, trafic de drogue avec présence le soir et en journée, très visible, de jeunes hommes au pied des habitations, mineurs guetteurs, consommation d’alcool, nuisances sonores et vandalisme…

“Nous ne voulons pas évoluer vers une favela, nous vous demandons, monsieur le maire, de ramener tranquillité et sécurité dans notre quartier, et d’agir très vite”, appuyait la parole de l’association Sylvaine Coulibaly.

Il va sans dire que les différentes oppositions n’étaient pas en reste pour attaquer le bilan municipal en la matière. “Sortez de votre tour d’ivoire, rien ne change et tout empire depuis dix ans, ce n’est pas un train que vous avez en retard mais une multitude de TGV”, grinçait par exemple l’élue indépendante Emmanuelle Haziza.

Stéphane Poncet pour Villeurbanne Bleu Marine faisait assaut de bons mots et de formules chocs, entre “dealer plus pour gagner plus”, et des références à Jacques Dutronc sur le thème “Il est 23 heures, le Tonkin s’éveille”, ce qui n’eut guère l’heur de plaire à l’élu PS Yann Crombecque.

Il traitait Stéphane Poncet de “martin-pêcheur du conseil municipal. Vous êtes bien loin du quotidien et vos propos insultent les habitants du Tonkin, dont nous saluons la mobilisation”. Idem pour la maire PS Jean-Paul Bret, qui fustigeait “des propos qui relèvent de l’impasse. Il ne suffit pas de pérorer. On a envie de vous demander ce qu’il faut faire?”

 

“Six policier municipaux de plus en 2018”

Justement, les suggestions en vrac évoquées par les élus se tournaient notamment autour de davantage de police municipale, de police nationale, de médiateurs, de caméras, voire à la dépénalisation du cannabis…

De quoi irriter la majorité, qui considère oeuvrer sur le sujet depuis dix ans et ne pas forcément avoir de leçons à recevoir. Ce qui lui donnait aussi l’opportunité de préciser que si elle fait ce qu’elle peut, elle ne peut justement pas tout.  “Nous regrettons tout cela, nous partageons le constat, et nous en parlons ensemble depuis huit ans” rappelait l’adjoint à la sécurité Didier Vullierme, s’adressant Sylvaine Coulibaly. “Cela s’est amélioré un temps, suite à nos efforts : nous avons créé une section soirée de police municipale, et nous allons embaucher six policiers municipaux de plus en 2018”.

Mais c’est aussi un peu la faute de Nicolas Sarkozy si les effectifs de police nationale “ont perdu plusieurs dizaines de fonctionnaires entre 2010 et 2012”, ou celle de Laurent Wauquiez si la Région a retiré “de nombreux projets dans les quartiers, ce qui fragilise la situation”, glissait aussi Claire Le Franc, adjointe à la Politique de la Ville.

Alors que dans le même temps, la police municipale, elle, grimpait de 20 à 40 agents. On l’aura compris, comme le dit Jean-Paul Bret s’adressant toujours  à l’ALTT “ce n’est pas faire aveu d’impuissance, mais on ne peut sans doute pas agir autant que vous le souhaiteriez”.

Néanmoins, les résultats de l’étude sur le déploiement de la vidéosurveillance, une idée que Villeurbanne aura mis du temps à accepter, seront dévoilés à la mi-mars. 

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