Gérard Collomb et la « submersion » migratoire

On savait que Gérard Collomb n’était déjà plus vraiment de gauche lorsqu’il cotisait encore au Parti Socialiste. Depuis qu’il est ministre de l’Intérieur et macroniste assumé, on en est désormais certain.

Pour en avoir le coeur net, il suffit de s’arrêter quelques instants sur le lexique utilisé par l’ancien maire de Lyon pour vendre son projet de loi “pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif”.

Petit florilège de ses déclarations de ces dernières semaines : “certaines régions sont en train de se déconstruire parce qu’elles sont submergées par les flux de demandeurs d’asile”, “si nous restons sans réaction, ce sont quelques centaines de milliers de personnes qu’il nous faudrait accueillir chaque année en France” ou encore “peut-on penser que nous pourrions construire chaque année une ville de taille moyenne pour accueillir ces réfugiés ?”.

Un vocabulaire qui rappelle directement celui utilisé par la droite la plus extrême d’un certain Laurent Wauquiez et surtout par le Front National.

“On ne peut plus se permettre de faire entrer sur notre territoire une population équivalente à celle de la ville de Rennes”, avait en effet déclaré Marine Le Pen dans le quotidien France Soir dès 2011.

Concernant l’idée collombiste d’une “submersion” migratoire, la présidente de FN en a fait également depuis de nombreuses années son fond de commerce, en écho à sa théorie anxiogène du “grand remplacement”.

Le problème, c’est que ce langage cru qui a récemment valu à Gérard Collomb le surnom de Monsieur tape-dur dans les colonnes de nos confrères de Libération, commence fortement à déplaire au sein même de la majorité présidentielle.

Plusieurs députés LREM ont en effet mis en garde le locataire de Bauveau quant à ses sorties sans demi-mesure. “Près de 100 000 demandes d’asile ont été déposées en 2017, c’est très peu au regard de la population française”, a même taclé une députée macroniste du Maine-et-Loire.

Des critiques vis-à-vis du n°2 du gouvernement qui ne risqueraient de se retrouver dans la bouche de l’un de nos 12 députés En Marche du Rhône. Sans Collomb, la plupart d’entre-eux n’auraient sans doute jamais pu connaître les bancs de l’Assemblée nationale.

Par Antoine Comte

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