Le jour où…  Paul Bocuse est mort

Tout est parti d’un tweet de Thierry Philip, le maire du 3e arrondissement et cancérologue de renom. « La mort de Paul Bocuse, c’est un peu de Lyon qui s’en va. Respect ! », a posté l’élu socialiste samedi dernier, un peu avant midi.

140 signes qui ont pris tout le monde de court et qui ont aussitôt enflammé le réseau social. Deux camps d’internautes se sont même affrontés durant une bonne heure pour donner leur avis sur le degré de véracité de l’information. D’un côté, les éternels partisans du complot et des fakes news, et de l’autre, ceux qui se sont empressés de rendre hommage au plus grand chef du monde en espérant être les premiers à révéler l’info sur Twitter.

Pour notre part, nous avons logiquement voulu vérifier la triste nouvelle avant de publier quelque information qu’il soit sur notre site Saladelyonnaise.com.

Nous avons donc appelé le nouveau lanceur d’alerte lyonnais : Thierry Philip. « Je vous confirme cette info à 100 %. Je suis sûr de moi, mais je ne vous en dirai pas plus », nous a répondu celui qui tenait sans doute ses sources d’un milieu médical lyonnais qu’il connaît sur le bout des doigts.

Pour en avoir le cœur net, nous avons également contacté dans la foulée l’Auberge du Pont de Collonges où Paul Bocuse cuisinait et résidait depuis toujours. Il est plus de 12 h 30 et le Pape de la gastronomie lyonnaise est en fait décédé déjà depuis plus de deux heures. Pourtant : « Je ne peux rien vous confirmer. Il est dans un état critique, on attend le retour des médecins », nous assure-t-on alors du côté de l’accueil téléphonique du restaurant trois étoiles.

La maison Bocuse souhaite maîtriser sa communication, ça se comprend.

Mais ce sera sans compter sur Gérard Collomb. Le ministre de l’Intérieur n’attendra pas, lui, le communiqué officiel de la famille du plus célèbre des Lyonnais pour rendre hommage à « la simplicité, la générosité, à l’excellence et l’art de vivre à la française » de « Monsieur Paul ».

Un tweet accompagné d’une photo du roi de la poularde en vessie envoyé à ses quelque 135 000 abonnés, qui fera tout simplement office de confirmation officielle de la disparition du chef lyonnais chez qui il avait l’habitude de dîner lorsqu’il était encore maire de Lyon.

De quoi mettre en branle les chaînes infos qui prendront également le risque de ne pas attendre, elles aussi, le communiqué de la famille Bocuse finalement envoyé deux heures plus tard aux rédactions de tout le pays.

Certains prétendaient que Paul Bocuse était un immortel.

En cette matinée du 20 janvier, c’est Twitter qui a malheureusement prouvé le contraire.

 

Par Antoine Comte

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