Les journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet n’ont pas encore écrit de livre sur Gérard Collomb, comme ils l’ont fait sur François Hollande à la fin de son mandat.
Il y aurait pourtant de quoi.
Comme l’ancien président de la République, le ministre de l’Intérieur parle beaucoup, mais parfois, comme le dirait le duo le plus bankable du journalisme français, « il ne devrait pas dire ça ».
Je m’explique : il y a trois semaines, l’ex-maire de Lyon, qui a convoqué à l’Hôtel de Ville les élus lyonnais de son ancienne majorité municipale, a lâché une petite phrase qui pourrait s’avérer lourde de conséquences pour sa réélection à la tête de la Métropole de Lyon en 2020.
« Ce n’est pas un élu de banlieue qui va faire la loi à Lyon », a en effet lancé le premier flic de France à propos de Marc Cachard, un élu PS de Rillieux et chef de file de la fronde socialiste qui cherche à s’émanciper de la tutelle macroniste imposée par Collomb.
Mais si le conseiller municipal de cette commune de l’Est lyonnais était bien le premier visé par l’ancien édile, avec ce tacle que Cachard a aussitôt qualifié sur notre site de « méprisant, suffisant et péjoratif », ce sont finalement tous les élus de la Métropole de Lyon qui peuvent légitimement se sentir insultés.
Pour avoir échangé avec plusieurs de ces maires et élus de la banlieue lyonnaise, ils sont en effet nombreux a l’avoir pris directement pour eux. Certains, membres de sa majorité, attendraient même des excuses de la part du ministre.
« En fait pour Collomb, il y a Lyon et nous, on sert juste à lui assurer une majorité lors de chaque élection », peste même en off un maire d’une importante ville de la métropole.
Collomb a peut-être parlé trop vite ou ne pensait sans doute pas que cette phrase assassine s’ébruiterait.
Mais il ne devrait pas trop s’amuser à prendre de haut les autres communes du Grand Lyon.
Sans Villeurbanne, Vaulx-en-Velin ou encore Bron, ce dernier n’aurait sans doute jamais été réélu président de la Métropole en 2014.
Pour 2020, même si les élections métropolitaines se joueront pour la première fois au suffrage universel, il ne faudrait pas que ces élus de banlieue blessés décident, en représailles, de ne pas soutenir sa liste…