Exsangue, l’école d’architecture de Lyon fait la morte

A Vaulx-en-Velin, l’Ensal ressemble aujourd’hui à un vaisseau fantôme. Sans ses 1000 étudiants, l’Ecole nationale d’architecture de Lyon fait figure de paquebot rempli de courants d’air, ce qui la guette de manière pérenne si le ministère de la Culture dont elle dépend ne réagit pas.

Faire la morte pour déjouer la mort, c’est le message de l’action de protestation d’aujourd’hui, résument les enseignants réunis devant l’établissement ce jeudi. “On n’en peut plus, ce ne sera plus tenable comme ça longtemps”, souffle François Bailly-Maître, membre de l’administration de l’école.

 

La plus sélective, faute de place

Car dans l’une des régions qui construit le plus en France, et dans une ville de Lyon pour laquelle l’urbanisme est à la fois un mode de développement et de rayonnement, cela peut sembler paradoxal, mais l’Ensal fait partie des écoles d’architectures les plus mal pourvues en moyens du pays. Et ça fait un moment que ça dure.

“On est l’école la plus pauvre, la plus petite et la plus sélective : on ne prend qu’un candidat sur 20. Et pour cause, on se base sur ce que peut accueillir notre amphithéâtre et ses 110 places”, reprend l’enseignant Boris Roueff. Les postes administratifs libérés mettent parfois un an à être remplacés, ce qui ajoute de la pression à ceux qui restent.

 

Manque criant d’enseignants, locaux vétustes et trop petits

Du côté des enseignants, ce n’est guère mieux : pour 1000 étudiants, l’école ne compte que 35% de titulaires quand certaines écoles, parisiennes par exemple, tutoient les 80%. Or,une réforme dont les décrets ont été passés en février fixe un objectif de 80% de titulaires dans les 20 écoles d’architecture françaises.

Pour l’Ensal, cela représente l’équivalent de 29 enseignants supplémentaires, le double de l’effectif actuel. L’école avait demandé l’attribution de sept postes dès la rentrée prochaine. “Or nous avons appris oralement le 26 avril que nous ne les aurions pas”, soupire Boris Rueff.

Alors même que le bâtiment fait son âge, soit une trentaine d’années. Il cumule les fuites, et affiche plus que complet. “On a proposé des solutions d’agrandissement peu coûteuses : des mutualisations de nouveaux bâtiments  à Vaulx-en-Velin, ou via un partenariat à la Doua avec l’Insa. Cela coûterait 3 millions quand d’autres projets se montent à 10”.

 

Rencontre avec le ministère de la Culture

Mais là non plus, pas de réponse, alors la structure modulaire, ancienne cabane de chantier devant l’entrée de l’école sert parfois pour des cours.

En fin de journée de ce jeudi, une délégation de l’école rencontre à Paris le ministère de tutelle en espérant  “au moins des réponses écrites et pas seulement orales”. Car pour François Bailly-Maître, si rien ne bouge d’ici quelque temps, “c’est que le Ministère ne veut pas d’une école d’archi à Lyon et qu’il veut la condamner”.

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