Maguy Marin fait danser les gamins des favélas de Rio

C’est ce qui s’appelle une soirée exceptionnelle et à vivre d’urgence jusqu’à ce soir.

Maguy Marin confie la chorégraphie de sa pièce May B, créée en 1981, à la danseuse brésilienne qui l’avait dansée 37 ans plus tôt : Lia Rodrigues, très émue de venir la présenter au Ramdam, le centre d’art que Maguy Marin a financé sur ses propres deniers dans la campagne de Sainte-Foy-lès-Lyon pour y développer des projets artistiques réellement différents.

Celui-ci est particulièrement exceptionnel.

Lia Rodrigues s’est battue pour remonter May B avec ses élèves de la favéla de Maré, une des plus nombreuses (140 000 habitants) et des plus violentes de Rio de Janeiro : la mairesse de la Maré vient d’ailleurs tout juste d’être assassinée.

Avec sa générosité et son implication sociale coutumières, Maguy Marin a donc confié à Lia Rodrigues cette pièce majeure qui n’a pas pris une ride, et se trouve comme revitalisée par l’énergie de ces jeunes danseurs se lançant dans cette épopée intime convoquant aussi bien le théâtre de Beckett, le tragique ou l’absurde de la condition humaine la plus désolée, et une chorégraphie reptilienne d’une beauté à couper le souffle sur le quatuor de La Jeune fille et la mort de Schubert.

 

Acclamation debout par les collégiens et lycéens

Si elle travaille moins souvent aujourd’hui à partir de la musique, avec Grosse fugue ou ce May B sans parler de sa Cendrillon avec le ballet de l’Opéra de Lyon, Maguy Marin reste une horlogère du sentiment musical sans pareil.

Voir ces enfants des favelas mettre le pas dans ceux de cette immense chorégraphe procurent une émotion comme en voit rarement sur une scène, acclamée debout par les collégiens et lycéens qui étaient présents à la première, épatés comme nous devant le travail accompli par ces gamins des favélas.

Excellence artistique, engagement social et rencontre de différentes cultures : un grand moment.

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