Maison No : original du rooftop jusqu’au… coffre-fort

C’est en cette fin août qu’ouvrira, au 11 rue Bât d’Argent, la Maison No. Le « rooftop » le plus attendu de Lyon est aussi un hôtel 4 étoiles de 45 chambres avec un restaurant, un bar, une salle de séminaires et une future épicerie haut de gamme ouverte au grand public.

Ce projet d’un coût global de 14 millions d’euros a dû composer avec le passé de banque d’un bâtiment construit en 1881. Rencontre avec Rémi Blezat, maître d’œuvre et architecte de la Maison No, mais aussi investisseur dans le projet, à titre patrimonial et familial.

 

Quelles ont été les difficultés présentées par la rénovation d’une banque comme celle-ci?

Le bâtiment avait accueilli notamment la Lyonnaise de Banque et le CIC. Donc au sous-sol il y avait encore 150 m2 de salle des coffres. Dans ce qui devient la salle de séminaires, nous n’en avons gardé qu’un. A priori, il ne restait rien dedans ! Quand on a dû le décaler de 3 mètres, ça a pris 5 heures. Ces coffres pèsent 4 à 5 tonnes…

Allez-vous les réutiliser?

Nous allons faire « sauter » les deux portes du coffre qui ne sont pas en bon état, et nous pensons réutiliser les petites portes des coffres qui se trouvent derrière, qui font chacune entre 8 et 10 kilos, comme éléments de décoration dans le lobby, voire dans notre future épicerie.

La terrasse, qui a beaucoup « buzzé » en amont de l’ouverture, permet de voir de Fourvière à la Part-Dieu, voire à l’Opéra. Pourquoi une terrasse ouverte, finalement ?

Nous sommes en secteur sauvegardé, donc on a du composer avec pas mal de contraintes. Nous avions envisagé par exemples sur le rooftop de placer de l’habillage de type pergola, mais finalement c’était compliqué. D’autant que cette terrasse est en “sifflet”, à une extrémité d’une largeur d’un mètre, et à l’autre extrémité de quatre mètres. Et en étant couverts, nous aurions perdu en luminosité intérieure. C’était plein de complexité. Ce sera donc un rooftop ouvert, avec des parasols.

Qu’avez-vous conservé des lieux?

Nous avons gardé une partie de la structure de l’immeuble, des poteaux de pierre, en fonte, en acier, quelques poutres en pierre aussi car on a réduit l’atrium pour conserver les coursives. Nous avons recréé une verrière au 6e étage du restaurant-bar à la place de l’ancienne. Elle n’a plus du tout le même look qu’avant, car l’ancienne n’aurait pas pu supporter toutes les charges nécessaires, et il aurait fallu la déplomber, la désamianter… Nous avons réhaussé le faîtage, modifié les pentes pour faire entrer le système de désenfumage sans qu’il soit apparent… Et en façade, quand nous avons enlevé l’habillage en pierre, nous avons redécouvert la pierre et la façade d’entrée d’origine, une arche qui était masquée et que nous avons donc laissé apparente. La signature de l’architecte avec la date 1881 est aussi apparue sur le dernier pilier à droite.

Pourquoi l’appeler Maison No?

Ce n’est pas pour rien effectivement. Il y a un côté théâtre japonais, avec une organisation des espaces particulières, des coursives qui donnent sur deux atriums, pas des couloirs avec deux portes en face à face. Les chambres elles-mêmes ont plusieurs typologies, sont plutôt petites, entre 16 et 27 m2, mais avec des salles de bains ouvertes, des placards ouverts sans portes qui donnent une autre impression des volumes. Et par la configuration du bâtiment, il n’y pas deux chambres identiques, tous les aménagements ont dû être faits sur mesure. Nous avons également ouvert les cages d’escaliers à une trentaine de graffeurs, un style qui contraste avec le décor intérieur. Chaque chambre qui donne directement sur l’atrium bénéficie d’une offre spéciale. L’une d’elles par exemple n’a pas de télévision mais un rétroprojecteur qui bénéficiera d’une offre de films, et la chambre dispose de deux rideaux latéraux pour accentuer l’ambiance « cinéma ».

Au vu de l’emplacement du projet, atypique, a-t-il été dur à faire accepter ?

Il y a eu beaucoup de dialogues avec la Ville, l’architecte des Bâtiments de France, mais tout le monde a joué le jeu, probablement aussi car c’était depuis cinq ans une friche en plein centre-ville. Du coup on a pu faire un produit magnifique dont on a, c’est vrai, déjà beaucoup parlé car sur peu de surface, 2 200 m2, c’est quand même un lieu de vie dans la ville avec quatre lieux différents qui prend forme.

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