Gérard Collomb a “mutilé” Gerland selon Michel Lussault

Figure lyonnaise emblématique – géographe, professeur à l’École normale supérieure de Lyon et depuis 2017 à la tête de l’École urbaine de Lyon – Michel Lussault est un spécialiste de la place et de l’impact de l’humain sur et dans la ville.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le natif de Tours n’a pas apprécié le tournant pris par l’aménagement de la capitale des Gaules sous les mandats de Gérard Collomb.

« Je regrette ce qui se passe à Gerland aujourd’hui. Pour moi, ce n’est pas une rénovation mais une mutilation urbaine. »

 

Gentrification galopante 

« Il n’y avait pas deux espaces comme Gerland en France avec cette articulation de grandes zones d’entrepôts, de petits tènements et de petits ateliers… », critique-t-il.

Quant au quartier qui sort de terre à la place ? « On a tout foutu en l’air et créé des plans quadrillés. Le quartier des Girondins, c’est le prototype de ce qu’il n’aurait pas fallu faire. »

Avec un problème de plus en plus prégnant : la gentrification du secteur. « Je ne comprends pas que Gérard Collomb ne l’ait pas saisi », fumine-t-il.

Même problème à la Confluence, « en partie réussie mais [qui] pourrait encore échouer […] On a l’impression que le développement de la Confluence est une affaire de promotion immobilière et qu’il faut remplir des cases ».

 

« Être disruptifs »

Et Michel Lussault de réclamer de l’audace aux nouveaux patrons de la Ville et de la Métropole, Georges Képénékian et David Kimelfeld, afin de sortir de l’urbanisme stéréotypé du début des années 2000, et de penser l’urbanisme de Lyon à horizon 2040 :

« La dynamique immobilière est sur des rails, c’est difficile d’inverser la tendance. Ils se retrouvent dans une période d’entre-deux qui n’avait pas été prévue, ils ont peu de temps devant eux. C’est idéal pour être disruptifs. » Un terme cher au ministre de l’Intérieur.

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