Mineurs isolés : la Métropole sous les feux de l’opposition

À la gauche du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et de son successeur à la mairie de Lyon Georges Képénékian, les oppositions ont enfourché leur cheval de bataille : la situation des mineurs étrangers isolés, un dossier dont la gestion serait abandonnée au bon vouloir de citoyens bénévoles.

Si la critique n’est pas récente – elle est même récurrente – la rudesse des conditions météo lui donnent de l’ampleur. Ces derniers jours, les communiqués ont défilé. 

 

« Humanisme lyonnais »

Selon Aline Guitard et Isabelle Granjon (PCF), « au moins une quarantaine de jeunes sont sans solution, sans aide, sans appui » sur le territoire métropolitain alors que la MEOMIE (Mission d’évaluation et d’orientation des mineurs étrangers) est supposée les prendre en charge.

Par la voix de son co-président Alexandre Chevalier, le Gram (Groupe de réflexion et d’action métropolitaine) dénonce l’inaction de la Métropole de Lyon dans ce dossier. Pour protéger ces jeunes efficacement, « la Métropole demeure la seule autorité publique compétente », martèle le collectif de gauche. 

Le mouvement Génération(s), fondé par l’ex-candidat à la présidentielle Benoit Hamon, a exhumé les archives pour railler « l’humanisme lyonnais » allègrement vanté par Gérard Collomb, dont la loi Asile, « la moins hospitalière de la Ve République », devrait être votée dans les semaines à venir. 

D’après la formation politique, David Kimelfeld ne ferait que poursuivre l’oeuvre du ministre de l’Intérieur à la tête de la Métropole.

Le Parti de Gauche, et par ricochet la France Insoumise, dont Elliott Aubin est une des figures connues de Lyon, publie une lettre ouverte à la tonalité (encore) plus politique en dénonçant les « années de politiques austéritaires »  sciemment mise en oeuvre au niveau de la Métropole « au détriment des principes d’accueil, de solidarité et de fraternité » de la République française.

 

Contraste

Une accusation sévère qui contraste avec les images du déplacement, mercredi dernier, du président de la métropole David Kimelfeld auprès de l’association Petit Frères des Pauvres. Relayée sur les réseaux sociaux, la visite a été l’occasion d’affirmer le soutien de la métropole aux « personnes fragiles du territoire » tout en louant les initiatives bénévoles.

Un coup de com’, ni plus ni moins, pour le Gram qui invite David Kimelfeld à « aller au delà des grandes déclarations et de prendre des mesures urgentes en cette période de fortes chaleurs pour héberger l’ensemble des mineurs non accompagnés du territoire métropolitain. »

Et de suggérer que le président de la Métropole a beau jeu d’encourager les actions citoyennes lorsqu’elles allègent sa charge de travail. « La Métropole conçue comme une « super collectivité » a pourtant absorbé les compétences et donc les devoirs du Département envers les mineurs », rappellent pour leur part Aline Guitard et Isabelle Granjon.

Un constat appuyé par le Parti de Gauche qui pointe le manque de moyens alloués aux services de protection de l’enfance par la Métropole. 

 

Manque de volonté politique.

Rassurons-nous, la gauche n’a pas oublié comment faire de la politique. Les oppositions prennent toutes soin de mentionner Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement et conseillère métropolitaine, qui a libéré une salle municipale où des volontaires se relaient chaque jour pour accueillir les mineurs non accompagnés.

La « volonté politique » dont manque David Kimelfeld se trouverait donc là. Un constat naturellement partagé par l’adjoint de NPG, Elliott Aubin, qui s’est fait l’écho de cette initiative sur les réseaux sociaux.

Chacun a ses raisons. En « saluant » l’action de la maire du 1er, le Gram panse les blessures de ces derniers mois. En effet, depuis l’automne dernier, le collectif a perdu la majorité de ses membres historiques. À commencer par son co-fondateur, Renaud Payre, qui a démissionné en avril au terme d’une série de désaccords avec Nathalie Perrin-Gilbert. 

Délesté de ses figures de proue, le Gram affirme sa loyauté à celle qui incarne, à gauche, l’opposition à Gérard Collomb et sa politique.

 

Silence de la Métropole

Quant au PCF, il montre sa constance en soutenant la candidate que le parti a suivi lors des dernières élections, sans pour autant co-signer le communiqué du Gram, indépendance de parole oblige.

En revanche, Génération(s) choisit de s’attarder davantage sur « l’engagement de longue date des associations » en citant la Coordination Urgence Migrants qui regroupe ATD Quart Monde, le Secours Catholique du Rhône ou encore La Ligue des Droits de l’Homme.

Le Parti de Gauche, enfin, est le seul à mentionner les conditions de travail des agents de MEOMIE, la mission chargée d’organiser l’accueil des mineurs étrangers isolés, victimes eux-aussi du « désinvestissement » de la Métropole.

Pour l’heure, face ce cortège d’accusations, la collectivité demeure silencieuse.

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