Ça doit sans doute être ça le nouveau monde que nous promet Emmanuel Macron depuis deux ans.
Dimanche dernier, son parti, La République en marche, s’est fendu d’un communiqué dans lequel il explique ni plus ni moins aux journalistes comment ils doivent faire leur métier.
« Journalistes, que vous considériez que c’est votre travail de consacrer vos ressources et votre temps à enquêter sur des procédures qui sont closes et qui ont été légalement validées de manière indépendante, c’est votre droit le plus strict. Il vous appartient. Que vous considériez que c’est votre travail de monter en épingle des pseudo-révélations pour jeter le doute sur l’ensemble d’une campagne, c’est votre droit le plus strict, là encore. Mais dans ce cas, faites le travail jusqu’au bout. Car votre crédibilité s’effondre en même temps que vos accusations. Or, notre démocratie a besoin de vous », est-il écrit dans ce communiqué un brin professoral et moralisateur, intitulé « Investigations ? ».
Une réaction plus que maladroite qui fait suite au travail d’enquête poussé de plusieurs médias dont la cellule investigation de Radio France qui ont révélé que le candidat Macron aurait bénéficié de ristournes très avantageuses (parfois jusqu’à 75 % de remise) lors de plusieurs de ses meetings durant la dernière campagne présidentielle.
À Lyon en tout cas, une soirée de soutien à l’ex-ministre de l’Économie organisée par Gérard Collomb dès septembre 2016 sur la péniche La Plateforme semble clairement aller dans le sens des investigations de nos confrères parisiens. 996 euros seulement pour la location de la péniche durant 2 h 30 alors que le prix catalogue de cette prestation avoisine les 3 000 euros : ça sent quand même légèrement le prix d’ami.
Moralité : que des proches du chef de l’État possèdent des talents cachés de négociateurs, tant mieux pour eux.
Mais que ces derniers se permettent de donner des leçons de journalisme tout en publiant un communiqué accompagné de documents qui semblent définitivement accréditer l’idée d’avantages reçus, ça s’appelle s’enfoncer un peu tout seul, non ?