Rentrée des professeurs des écoles : « Ayez confiance en vous »

« Ayez confiance en vous-même », exhorte joyeusement Guy Charlot, directeur académique des services de l’Éducation nationale du Rhône dans un amphithéâtre de l’Université Lyon 3. Hier, il a fait face à presque 600 professeurs des écoles stagiaires qui seront bientôt en charge de leur propre classe.

 

Enseigner dans le Rhône : une chance

Si Guy Charlot, armé d’un éternel sourire bienveillant, se veut rassurant, les sujets d’inquiétude ne manquent pas : dédoublement des classes de CP dans le réseau d’éducation prioritaire (REP+), rénovation de l’enseignement des mathématiques dès la primaire, effritement de la confiance dans l’institution scolaire…

Plus tôt, une stagiaire se désolait de l’état de sa classe, triste et sombre, qu’elle allait « devoir habiller ». Son amie, elle, s’inquiétait de la mise en place du Plan Mercredi, qui prévoit un accueil de loisir renforcé dans les écoles.

Le discours officiel s’est efforcé de calmer les angoisses, compréhensibles, des jeunes professeurs des écoles. Guy Charlot n’a pourtant pas hésité à se faire parfois plus sérieux, et même grave.

Alors qu’il aborde les spécificités du Rhône, ses « universités puissantes », son « économie dynamique » et ses « encadrements de qualité », le représentant de l’État change brusquement de cap : « C’est un département où la laîcité est parfois remise en cause ».

Soudain, les têtes se dressent, dans l’attente de la suite. Les stagiaires prévoyaient une réunion « strictement administrative », sans « aucun aspect pratique ». Les voilà enfin surpris. Mais l’inspecteur de l’Académie ne s’aventurera pas plus loin.

 

École inclusive

Autre sujet sensible : les inégalités entre élèves. « Demander un euro à certaines familles, cela peut signifier la priver de repas pour un soir », avertit Guy Charlot, « il faut être attentif aux familles fragiles socialement, celles qui ne vont pas facilement s’exprimer. » Les professeurs ont été invités à prêter attention aux élèves allophones – dont le Français n’est pas la langue maternelle -, nombreux sur le département.

Ici, Guy Charlot s’inscrit dans la ligne gouvernementale défendue un peu plus tôt par la rectrice de l’Académie, Marie-Danièle Campion.

Cette dernière, absente, a prononcé une courte allocution filmée où elle rappelait les priorités du quinquennat en matière d’éducation. Parmi ces lignes directrices,  le « souci de travailler au plus proche de la collectivité ». Une approche pragmatique qui a semblé faire mouche, bien que la « société apprenante et capacitante » vantée par la rectrice ait suscité une poignée de sourires entendus.

 

Auto-évaluation bienveillante

Invités à accompagner les réformes – nécessaires dans la mesure où « les résultats de la France ne sont pas à la hauteur de la qualité de l’enseignement et des moyens investis », les stagiaires devront « s’auto-évaluer » régulièrement sur leur capacité à mettre en œuvre l’école « juste, partenariale, inclusive ».

Comme partenaires, l’Éducation nationale vise les universités : « L’évaluation des élèves doit s’appuyer sur les résultats de la recherche en sciences de l’éducation. » Le propre de l’argument scientifique réside dans sa capacité à être réfuté, au contraire du dogme. Il n’est donc pas certain que se reposer sur les recherches scientifiques arrête des parents de plus en plus défiants envers l’institution scolaire.

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