Sexisme à l’EM Lyon : « une forte emprise de l’apparence »

La dernière fois que l’école de commerce de Lyon avait fait jaser, c’était après une visite mémorable de Laurent Wauquiez. Revoilà l’EM Lyon au coeur d’une histoire mêlant, cette fois, sexisme et esprit de corps, juste à temps : la loi Schiappa sur les violences sexistes et sexuelles a été adoptée hier. Le tempo est parfait.

 

Vers des exclusions ?

Il est question d’un fichier gigantesque contenant les données privées de 450 étudiantes que les initiés se passaient sous le manteau – ou plutôt, innovation oblige, partageaient sur Facebook.

Diffusé sur un groupe privé dont l’accès était réservé à quelques centaines d’élus, le document offre en prime un classement des étudiantes en fonction de critères variés – mais tous physiques.

Dans un communiqué, le directeur général de l’école, Bernard Belletante, dénonce “un comportement illégal” et annonce le déploiement d’une enquête interne à compter du 20 août prochain. Les étudiants impliqués pourraient être exclus – comme cela est déjà arrivé “à deux reprises en deux ans”.

 

Une “tradition”

Le Collectif Olympe, qui lutte contre la misogynie au sein de l’école, évoque une “« tradition », perpétuée par un petit nombre d’individus,” qui serait néanmoins un fait “passé“. 

Sexistes et vulgaires, les commentaires contenus dans le fichier illustrent bien les limites de l”humour potache” dont certains regrettent la disparition annoncée. A ce titre, il faut rappeler que cette affaire en suit bien d’autres.  En 2013, à Sciences Po Bordeaux, les créateurs du collectif “Osez le Masculinisme” avaient reçu le soutien de ceux qui considéraient leurs insultes comme des farces.

 

Un fichier similaire du côté des filles

Rares sont les étudiants qui acceptent de se livrer, et parmi eux, tous exigent l’anonymat. Personne ne tient à gâcher sa rentrée dès l’été.

Première précision, unanime : il s’agit de l’oeuvre d’une promotion dont ils tiennent à se désolidariser. En effet, il semblerait que les étudiants concernés soient entrés à l’EM en septembre dernier.

Histoire de tempérer, ils sont plusieurs à évoquer l’existence d’un fichier similaire du côté des filles. Plus que le dérapage d’une promotion, cette affaire serait donc un symptôme : à l’école des “entrepreneurs visionnaires“, il existe une “forte emprise de l’apparence et de la recherche de la popularité à tout prix,” confie à Salade Lyonnaise un étudiant.

 

Sensibiliser les étudiants

Le culte de l’apparence n’est pas propre à l’EM Lyon, bien sûr. Mais peut-être que ce remake estival de The Social Network aurait pu être évité avec un peu de pédagogie. Le Collectif Olympe, encore récent, salué par Bernard Belletante, s’est donné pour mission de sensibiliser les étudiants et personnels à la manière des “Salopettes” (ENS de Lyon) ou du “Collectif Pamplemousse” (Sciences Po Lyon).

Il ne s’agit pas de prôner la tolérance vis à vis de ces comportements, mais sans dialogue, aucune leçon n’en sortira.

Pour l’heure “les étudiants se marrent ou méprisent totalement la portée de ce genre de comportement,” se désole un de nos interlocuteurs.

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